L’enseignement du Messager de Dieu (saw) concernant les dettes

Question : Qu’en est-il en islam du devoir du débiteur par rapport au remboursement de ses dettes ?

Réponse : En ce qui concerne le remboursement des dettes, l’enseignement du Messager de Dieu (sallallâhou ‘alayi wa sallam) est double :

–         D’un côté, il (sallallâhou ‘alayi wa sallam) a encouragé de façon générale ceux qui se trouvent dans l’aisance et qui ont été gratifiés de la richesse matérielle de venir en aide à ceux de leurs frères et sœurs qui se trouvent dans le besoin. Et aux créanciers en particulier, il (sallallâhou ‘alayi wa sallam) a exhorté à faire preuve de compréhension, de douceur et de magnanimité à l’égard de leurs débiteurs lorsque ceux-ci se trouvent dans la gêne et éprouvent des difficultés à honorer leurs engagements.

Dans un Hadith authentique, il est indiqué que le Messager d’Allah (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) a, à une occasion, formulé l’invocation suivante :

رَحِمَ اللهُ رجلاً سَمْحًا إذا باع  وإذا اشترى  وإذا اقْتَضَى

« Qu’Allah fasse miséricorde à l’homme qui est bienveillant et généreux lorsqu’il vend, achète (s’acquitte de ce qu’il doit [1]) et réclame (le paiement de sa créance). »

(Sahîh oul Boukhâri)

Ces propos du Prophète Mouhammad (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) indiquent clairement que, dans le domaine des affaires et des obligations, comme partout ailleurs, l’adoption d’une attitude  bienveillante constitue une source importance de mérite et de récompense pour le musulman.

Aboul Youssr (radhiya Allâhou ‘anhou), un compagnon du Prophète Mouhammad (sallallâhou ‘alayi wa sallam), témoigne qu’il était présent quand le Messager de Dieu (sallallâhou ‘alayi wa sallam) a dit :

مَن أَنظَرَ مُعسِرًا أَو وَضَعَ عَنهُ أَظَلَّهُ اللهُ في ظِلِّهِ

« Celui qui donne un répit à un (débiteur) sans argent ou qui efface (partiellement ou complètement) sa dette, Allah lui donnera place sous l’ombre (de Son Trône le Jour du Jugement Dernier). »

(Sahîh Mouslim)

Et dans un autre Hadith, il est rapporté que le Messager d’Allah (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) a affirmé :

مَنْ سَرَّهُ أَنْ يُنْجِيَهُ اللَّه مِنْ كَرْبِ يَوْم الْقِيَامَة فَلْيُنَفِّسْ عَنْ مُعْسِرٍ أَوْ يَضَعْ عَنْهُ

« Celui qui aimerait qu’Allah l’épargne de la peine du Jour du Qiyâmah, qu’il donne un délai (de règlement) supplémentaire ou qu’il pardonne à son débiteur qui se trouve dans une situation (financière) difficile. »

(Sahîh Mouslim)

–         D’un autre côté, il (sallallâhou ‘alayi wa sallam) a ordonné aux personnes qui ont été amenées à contracter des dettes de respecter leurs engagements et de rembourser au plus vite les sommes empruntées. Et le Messager d’Allah (sallallâhou ‘alayi wa sallam) a sévèrement mis en garde ceux qui quittent ce monde en laissant des dettes derrière eux contre la gravité de la sanction à laquelle ils risquent d’être exposés dans l’Au-Delà. Personne n’étant informé du moment de son départ de ce monde, la préoccupation concernant les moyens d’honorer ses dettes dans les plus brefs délais doit, de toute évidence, être permanente…

Abou Moûssa Al Ach’ariy (radhia Allâhou anhou) rapporte que le Prophète Mouhammad (sallâllâhou alayhi wa sallam) a dit en ce sens :

إِنَّ أَعْظَمَ الذُّنُوبِ عِنْدَ اللَّهِ أَنْ يَلْقَاهُ بِهَا عَبْدٌ – بَعْدَ الْكَبَائِرِ الَّتِى نَهَى اللَّهُ عَنْهَا – أَنْ يَمُوتَ رَجُلٌ وَعَلَيْهِ دَيْنٌ لاَ يَدَعُ لَهُ قَضَاءً

« En vérité, le plus grand péché avec lequel un serviteur peut rencontrer Allah, après les kabâïr (péchés majeurs) qu’Il a interdit, c’est qu’il meure alors qu’il avait une dette (non remboursée) et qu’il n’a rien laissé pour que celle-ci soit honorée. »

(Mousnad Ahmad et Sounan Abou Dâoûd – « dhaïf » (faible) selon Al Albâni dans « Dhaïf Sounan Abi Dâoûd [2])

Dans un autre Hadith rapporté par Abou Houraïra (radhia Allâhou anhou), il est indiqué que :

نَفْسُ اَلْمُؤْمِنِ مُعَلَّقَةٌ بِدَيْنِهِ, حَتَّى يُقْضَى عَنْهُ


« L’âme du croyant reste suspendue en raison de sa dette, tant que celle-ci n’est pas acquittée. »

(Mousnad de l’Imâm Châfi’i, Mousnad Ahmad, Sounan Tirmidhi, Ibn Mâdjah et Dâramiy- authentifié par Al Albâni)

Ce Hadith signifie que si un croyant quitte ce monde en laissant derrière lui une dette, il ne sera fixé sur son sort et ne pourra donc accéder à l’espace noble auquel il aspire tant que sa dette ne sera pas payée.

L’attitude qu’adoptait le Prophète Mouhammad (sallâllâhou alayhi wa sallam) à ce sujet est également très révélatrice : Salmah Ibn al Akwa’ (radhia Allâhou anhou) rapporte, dans un Hadith cité dans le Sahîh Boukhâri, qu’une fois, on apporta en présence du Prophète Mouhammad (sallâllâhou alayhi wa sallam) le corps d’un défunt et on lui demanda d’accomplir la prière mortuaire en sa faveur. Avant de le faire, il (sallallâhou ‘alayi wa sallam) demanda si cette personne avait des dettes impayées. Lorsqu’on lui apprit qu’elle était effectivement endettée à hauteur de trois dînars et qu’elle n’avait rien pour rembourser cette somme, il (sallallâhou ‘alayi wa sallam) refusa d’accomplir la prière mortuaire et demanda aux Compagnons (radhia Allâhou anhoum) de le faire. Un compagnon (radhia Allâhou anhou) qui était alors présent, en l’occurrence Abou Qatâdah (radhia Allâhou anhou), se proposa de s’acquitter du montant dû et ce n’est qu’alors que le Prophète Mouhammad (sallâllâhou alayhi wa sallam) accepta d’accomplir la salât de djanâzah.

Pour conclure, voici deux invocations enseignées par le Prophète Mouhammad (sallâllâhou alayhi wa sallam) pour se libérer de ses dettes :

للَّهُمَّ اكْفِنِى بِحَلاَلِكَ عَنْ حَرَامِكَ وَأَغْنِنِى بِفَضْلِكَ عَمَّنْ سِوَاكَ


« Allâhoummak finiy bihalâlika ‘an harâmika wa aghniniy bifadhlika ‘amman siwâka »

« Ô Seigneur ! Accorde-moi suffisamment de ce que Tu as rendu licite pour me protéger de ce que Tu as rendu illicite; et rend moi, par Ta générosité, indépendant de tout autre que Toi. »

(Sounan Tirmidhi)

اللَّهُمَّ إِنِّى أَعُوذُ بِكَ مِنَ الْهَمِّ وَالْحَزَنِ وَأَعُوذُ بِكَ مِنَ الْعَجْزِ وَالْكَسَلِ وَأَعُوذُ بِكَ مِنَ الْجُبْنِ وَالْبُخْلِ وَأَعُوذُ بِكَ مِنْ غَلَبَةِ الدَّيْنِ وَقَهْرِ الرِّجَالِ

« Allâhoumma Inniy A’oudhou bika minal ‘hammi wal houzn wa a’oudhou bika minal wal ‘adjzi wal kasal wa a’oudhou bika minal djoubni wal boukhli wa a’oudhou bika min ghalabatid dayni wa qahril ridjâli »


« Ô Seigneur ! Je me mets sous Ta protection contre les soucis et la tristesse, contre l’incapacité et la paresse, contre l’avarice et la lâcheté, contre le poids de la dette et la domination des hommes. »

(Sounan Aboud Dâoûd – « dhaïf)



Wa Allâhou A’lam !


Et Dieu est Plus Savant !


[1] Cet ajout est présent dans certaines version de ce même Hadith.

[2] Selon l’opinion de spécialistes de la science de Hadith, ce genre de Traditions peut être cité dans un but de rappel, à partir du moment où il ne se pose pas en contradiction avec un principe établi en islam et qu’il va au contraire dans le sens de ce qui est établi par de nombreux autres Hadiths authentiques.